lundi 11 février 2008

Qui va gagner ? (sondages et doigt levé 1/)

> ANALYSE

Question absurde et antidémocratique, mais que tout le monde se pose. À défaut de vous donner le vainqueur de manière certifiée et garantie avant que le peuple n'ait fait entendre sa voix souveraine, voici quelques pistes qui pourront aider à déceler le résultat avant l'heure...

Et des prophéties de boules de cristal. Aujourd'hui...

1/ L'abstention

Beaucoup d'Espagnols vous diront que chez eux plus encore qu'ailleurs, l'abstention bénéficie à la droite et au centre tandis que la participation est favorable à la gauche.

Historiquement, c'est vrai pour les valeurs extrêmes: depuis l'adoption de la Constitution en 1978, les meilleurs scores de l'UCD (168 députés sur 350, en 1979) et du PP (183, en 2000) coïncident avec les deux plus forts taux d'abstention. À l'inverse, le meilleur résultat du PSOE (202 députés sur un total de 350, en 1982), correspond à une mobilisation record.

L'histoire est néanmoins plus complexe. Rapidement:

  • 1979 [es]: Victoire de l'UCD d'Adolfo Suárez. Abstention: 31,96%
  • 1982 [es]: Victoire du PSOE de Felipe González, majorité absolue (et record). Abstention: 20,03%
  • 1986 [es]: Victoire du PSOE, majorité absolue. Abstention: 29, 51%
  • 1989 [es]: Victoire du PSOE, majorité absolue de fait. Abstention: 30,26%
  • 1993 [es]: Victoire du PSOE, majorité relative. Abstention: 23,56%
  • 1996 [es]: Victoire du PP de José María Aznar, majorité relative. Abstention: 22,62%
  • 2000 [es]: Victoire du PP, majorité absolue. Abstention: 31, 29%
  • 2004 [es]: Victoire du PSOE de José Luis Rodríguez Zapatero, majorité relative. Abstention: 24, 34%

Le détail montre donc que la gauche et la droite ont pu perdre et gagner tant avec un taux d'abstention bas (disons, inférieur à 25%) que haut (proche de 30%).

Mais remarquons plutôt une permanence : l'abstention importante a plutôt tendance à renforcer la majorité en place (victoires du PSOE en 1986 et 1989, du PP en 2000). Au contraire, la forte participation a tendance a renverser les gouvernements (au profit du PSOE en 1982 et en 2004, au profit du PP en 1996), ou en tout cas à les affaiblir (perte de la majorité absolue par le PSOE en 1993).

Dit d'une autre manière, les abstentionnistes habituels ne se déplacent que pour voter contre. Pour que l'abstentionniste abandonne sa canne à pêche, il faut passablement l'énerver. Par exemple, avec un scandale de type GAL, en 1996, ou une communication désastreuse autour d'un massacre terroriste, en 2004.


Sera-ce ainsi le 9 mars 2008 ? Autrement dit, une forte abstention bénéficera-t-elle au PSOE et à Zapatero, lui permettant même de gouverner sans IU et les nationalistes / régionalistes / indépendantistes / "régionaux avec représentation nationale" (c'est joliment dit, Greg ;-) ?

Et, dans l'autre sens, une forte mobilisation permettra-t-elle à Mariano Rajoy de faire revenir le PP à la Moncloa ?

Pour ma part, malgré le contexte particulier de ces élections, qui veut que les rapports entre PSOE et PP se soient congelés depuis 2004, je crois que oui, le mécanisme se répetera.

Foin de réponse de Normand, risquons nous ! Voici mon pronostic: forte abstention (au moins 30%) et victoire du pouvoir en place, le PSOE de Zapatero. Tant que nous y sommes, je lui donne une majorité relative.

Je mangerai mon chapeau (c'est à prendre au sens figuré :-) le 9 mars au soir si un "scandale" (par exemple, une catastrophe économique aux conséquences immédiatement ressenties) venait à mobiliser les habitués du dimanche sur le canapé et qu'une majorité porte Rajoy sur le trône.

Je mangerai mes chaussures (c'est encore du deuxième degré, ouf) si, prenant le PP pour le parti au pouvoir, l'électorat se mobilisait massivement pour s'opposer à l'opposition de Rajoy, et portait aux nues et au règne sans partage l'actuel président du Gouvernement. Ou si Rajoy venait à gagner avec une forte abstention.

Pas pour ma petite personne, dont l'existence serait bien peu changée, mais pour la règle historico-statistique, brisée à tout jamais...

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